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Portrait des Petits Rorquals

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Portrait des Petits Rorquals

Le petit rorqual ou petit rorqual commun (Balaenoptera acutorostrata), anciennement appelé le gibard au Québec, est le plus abondant des baleines à fanons dans l’hémisphère nord, mais notre connaissance de cette espèce plutôt solitaire, petite et énigmatique est encore très limitée. Nous ne connaissons pas la taille, la structure, ni la dynamique de la plupart des populations, il n’y a pas une seule aire de reproduction ou de vêlage identifié, les parcours migratoires sont pratiquement inconnus et il existe d’importantes lacunes dans les connaissances en ce qui concerne leur comportement, leur écologie, leur reproduction, leur génétique et leur conservation. Le petit rorqual a peut-être la structure de population la plus complexe de toutes les baleines, avec des preuves d’une ségrégation considérable par sexe, âge et état de reproduction. La longueur maximale est de 10,7 m, mais les petits rorquals du Nord sont généralement un peu plus petits (8-9 m) que leurs homologues du Sud, les petits rorquals de l’Antarctique.

Caractéristiques physiques: le museau pointu, la dorsale courbée et pointue et pour le petit rorqual commun la bande blanche sur les pectorales sont des traits distinctifs.

Classification et répartition 

Les petits rorquals appartiennent au groupe des rorquals (Balaenopteridae), l’une des trois familles de baleines à fanons, les deux autres étant les baleines noires (Balaenidae) et les baleines grises (Eschrichtiidae). Ensemble, ces trois familles forment le sous-ordre des baleines à fanons (Mysticetes) qui comprend 13 espèces différentes.

Il existe actuellement deux espèces distinctes reconnues de petits rorquals, le petit rorqual ou petit rorqual commun (B. acutorostrata) et le petit rorqual de l’Antarctique (B. bonaerensis), qui est présent dans tout l’hémisphère sud. Les deux espèces diffèrent considérablement en fonction de nombreuses caractéristiques génétiques, squelettiques et externes. Une petite sous-espèce du petit rorqual commun, appelée petit rorqual nain, se trouve presque exclusivement dans l’hémisphère sud. Cependant, les petits rorquals nains de l’Atlantique Sud sont plus étroitement liés aux petits rorquals communs de l’Atlantique Nord qu’aux petits rorquals nains du Pacifique Sud, ce qui indique que le statut de leur sous-espèce nécessite une étude plus approfondie. De plus, les petits rorquals communs ont également des désignations distinctes de sous-espèces dans l’Atlantique Nord (B. a. acutorostrata) et le Pacifique Nord (B. a. scamponi). L’analyse de l’ADN a révélé que les petits rorquals communs et les petits rorquals de l’Antarctique sont séparés depuis des milliers d’années et sont génétiquement très distincts. En fait, le petit rorqual commun est génétiquement plus étroitement lié à la baleine de Bryde (B. edeni) qu’au petit rorqual de l’Antarctique qui à son tour est plus étroitement lié à la baleine Sei, beaucoup plus grande (B. borealis). Comme si ce n’était pas assez compliqué, un autre rorqual découvert aussi récemment qu’en 2003, la baleine d’Omura (B. omurai), est de taille intermédiaire entre le petit rorqual de l’Antarctique et la baleine de Bryde, mais représente une ancienne lignée évolutive et est plus étroitement liée à la baleine bleue (B. musculus).

Les petits rorquals communs sont répartis des tropiques aux lisières des glaces. Comme d’autres balaenoptéridés, ils ont cependant tendance à se retrouver dans les eaux équatoriales pendant l’hiver et dans les eaux subpolaires en été, bien que l’espèce semble être largement distribuée en toutes saisons et migre d’une manière difficile à prévoir d’une année à l’autre. Bien qu’il y ait peu de preuves directes pour démontrer la migration sur de longues distances, la variation saisonnière de l’abondance et de la distribution suggère que l’espèce effectue probablement une certaine migration des latitudes plus élevées en été vers les latitudes plus basses en hiver. Les femelles gestantes semblent se déplacer plus au nord pendant l’été que les femelles en lactation et immatures, mais dans certaines eaux tempérées, ces animaux sont présents toute l’année.

Reproduction et structure sociale

Comme les autres mammifères, les cétacés femelles ont deux ovaires, un utérus, un vagin et, pendant la gestation, un placenta. L’utérus est bicorne, c’est-à-dire qu’il a deux cavités jointes, contrairement à celui de l’humain composé d’une seule cavité. Pourtant, les jumeaux sont extrêmement rares chez les baleines et très peu susceptibles de survivre en raison de la production limitée de lait par la mère. Les taux de croissance fœtale des baleines à fanons sont les plus rapides du règne animal, environ 20 fois plus élevés que ceux des primates. La gestation dure environ dix mois chez les deux espèces. À quelques exceptions près, le baleineau naît la queue la première, une adaptation à la naissance sous-marine permettant à tous les cétacés d’éviter la noyade au moment de la première « respiration », encore sous l’eau. Les baleineaux peuvent nager dès la naissance, mais la mère poussera le nouveau-né jusqu’à la surface pendant les premiers souffles. La teneur en matières grasses du lait maternel des petits rorquals est supérieure à 30 %, ce qui entraîne des taux de croissance très élevés pendant la lactation, qui dure environ six mois. Les baleineaux pèsent de 150 à 320 kg à la naissance et mesurent de 2,2 à 2,8 m, mais doublent de taille au cours des six premiers mois. Au cours de cette période de croissance extrêmement rapide, leur poids corporel augmente de 5 à 10 fois, un processus qui prend 4-11 ans chez l’humain.

Normalement, la mère et le baleineau sont séparés au moment de leur arrivée dans la zone d’alimentation, mais il arrive que les veaux restent avec leur mère jusqu’à deux ans. Les mâles atteignent l’âge de reproduction à 5-8 ans, les femelles à 7-9 ans. Les petits rorquals femelles semblent pouvoir mettre bas chaque année, contrairement à de nombreuses autres baleines à fanons qui ne produisent qu’un baleineau tous les 2-3 ans. Cela est possible parce que les cétacés femelles peuvent avoir un œstrus de lactation, c’est-à-dire qu’elles peuvent ovuler et tomber enceintes pendant qu’elles sont encore allaitantes. Cela n’arrive que si une femelle est en très bon état et que l’approvisionnement en nourriture n’est pas limité. Il semble que la proportion de femelles gestantes en lactation soit plus élevée chez les petits rorquals que chez les autres baleines à fanons. Il ne semble pas y avoir de ménopause chez les petits rorquals femelles et la durée de vie est estimée à environ 50 ans pour le petit rorqual commun et le petit rorqual de l’Antarctique.

Contrairement à toutes les autres baleines à fanons, la reproduction peut avoir lieu toute l’année chez les petits rorquals, du moins dans la population du Pacifique Nord-Ouest. Dans l’Atlantique Nord, la conception a lieu de décembre à mai avec un point culminant en février et la naissance a lieu d’octobre à mars avec un sommet en décembre, bien que des baleineaux d’un âge estimé à 2-3 mois aient été observés en septembre tant dans l’estuaire du Saint-Laurent qu’au large des côtes de l’Écosse. Les mouvements saisonniers des petits rorquals sont moins prévisibles et moins bien définis que chez de nombreuses autres espèces de baleines à fanons qui ont un modèle de migration saisonnière très clair entre les aires d’alimentation estivales et les aires de reproduction hivernales. Toutefois, les données de notre programme de surveillance à long terme dans l’estuaire du Saint-Laurent suggèrent un niveau très élevé de fidélité des petits rorquals dans l’aire d’alimentation au fil des saisons et un nombre étonnamment élevé de jeunes au cours des dernières années. Une grande lacune dans nos connaissances est que les aires de reproduction et de vêlage sont inconnues dans l’Atlantique Nord, mais aussi dans le Pacifique Nord et l’hémisphère sud. Le comportement réel d’accouplement n’a jamais été observé chez les petits rorquals.

Pour la même raison, il n’y a pratiquement aucune information disponible sur le type d’accouplement des petits rorquals, mais comme les autres rorquals, ils sont probablement polygames. Alors que les petits rorquals communs sont principalement solitaires dans les aires d’alimentation, à l’exception des couples mère-baleineau et des regroupements occasionnels de 3 à 10 animaux aux fins d’alimentation, les petits rorquals de l’Antarctique peuvent souvent être observés en groupes de 10 animaux ou plus, probablement une stratégie contre un écotype particulier d’épaulards qui est leur seul prédateur dans les eaux antarctiques. Étonnamment, contrairement à tous les autres rorquals, les petits rorquals communs semblent se séparer par sexe lorsqu’ils retournent à leurs aires d’alimentation, du moins dans le golfe du Saint-Laurent, où pratiquement toutes les observations et les animaux échoués ainsi que toutes nos biopsies recueillies jusqu’à présent suggèrent que les petits rorquals adultes dans ces eaux sont des femelles. Nous ne savons pas où vont les mâles pendant la saison estivale, mais des balises satellites sur les femelles pourraient nous conduire au lieu de reproduction pendant l’hiver et, ensuite, des balises sur quelques mâles pourraient révéler leur aire d’alimentation estivale. Finalement, ces données de marquage pourraient éclairer la question de savoir si les petits rorquals de l’Atlantique Nord migrent entre les quatre populations reconnues, à savoir les stocks de la côte est du Canada, de l’ouest du Groenland, du centre de l’Atlantique Nord et du nord-est de l’Atlantique Nord.

Écologie et comportement

Les petits rorquals sont des prédateurs opportunistes et se trouvent généralement dans les eaux côtières, parfois dans des zones aussi peu profondes que trois mètres, occupant ainsi une niche écologique qui n’est pas accessible à la plupart des autres rorquals. Leur régime alimentaire va du krill et des bancs de petits poissons (capelan, lançon, hareng) aux poissons plus gros comme le maquereau, l’aiglefin et la morue mature de l’Arctique. Ils ont de 230 à 360 plaques de fanons relativement courtes de chaque côté (200 à 300 pour B. bonaerensis) et 50 à 70 plis ventraux en accordéon (22 à 38 pour B. bonaerensis) qui leur permet d’engloutir une grande quantité de poissons lorsqu’ils se lancent dans des bancs de proies en élargissant leur cavité buccale. Ils filtrent ensuite les proies de l’eau en fermant leurs mâchoires, à l’exception d’une petite ouverture, en contractant les plis ventraux et en expulsant l’eau entre les fanons. Ils déplacent la langue de l’arrière de leur gorge, comme un piston dans un cylindre, les fanons agissant comme un peigne. Le filtrage terminé, la baleine utilise la langue pour ramasser les proies, le long de l’intérieur des fanons jusqu’au fond de la gorge, pour finalement les avaler. Ce comportement d’alimentation par gorgée, que l’on retrouve chez tous les rorquals, est un processus biomécanique très complexe et les jeunes doivent apprendre cette technique pour la maîtriser. Un petit rorqual adulte peut consommer jusqu’à 400 kg de proies par jour.  

Un petit rorqual en train d’effectuer un saut d’alimentation dans l’estuaire du Saint-Laurent (© Mériscope / Brian Kot)

Le nom scientifique du petit rorqual commun, acutorostrata, fait référence à la forme pointue de sa tête. Les plus profilés de tous les rorquals, les petits rorquals sont des coureurs endurants et capables de maintenir une vitesse de 15-30 km/h pendant une heure ou deux. La nage rapide est une stratégie anti-prédateure efficace contre les épaulards en eau libre, mais si les orques parviennent à conduire un petit rorqual dans une baie ou une anse, la prédation est inévitable.

Étant pour la plupart solitaires, les petits rorquals ne sont pas aussi actifs vocalement que les baleines à bosse ou d’autres cétacés ayant une structure sociale complexe (bélugas, épaulards). Cependant, ils produisent une variété de sons sur un registre d’occurrence, tels que des descentes à basse fréquence, des trains d’impulsions à basse fréquence et des clics à plus haute fréquence. Dans le Pacifique Nord, les mystérieux sons de « boing » ont été attribués aux petits rorquals communs. Au large de l’Australie, les petits rorquals nains produisent un motif sonore complexe et stéréotypé appelé vocalisation « star-wars », qui couvre une large gamme de fréquences allant de 50 Hz à 9,4 kHz et est composé d’éléments distincts et répétés. Dans le golfe du Saint-Laurent et dans l’estuaire, les petits rorquals produisent des descentes modulées en fréquence de 120 à 80 Hz et des trains d’impulsions à basse fréquence de l’ordre de 40 à 400 Hz. Ces trains d’impulsions se composent généralement de 30 impulsions ou plus, chacune d’une durée de 0,2 à 0,25 seconde et se produisant à des intervalles de 0,15-0,25 seconde, régulièrement espacés tout au long de la séquence, contrairement aux trains d’impulsions enregistrés ailleurs dans l’Atlantique Nord où les séquences « ralentissent » ou « accélèrent ». Les trains d’impulsions dans le golfe du Saint-Laurent ont des pics d’énergie à 110-180 Hz et 300-340 Hz et sont associés à la présence à proximité de petits rorquals qui s’alimentent sous la surface dans des bancs de capelan ou de lançons, ce qui suggère que les petits rorquals produisent ces sons pour concentrer les bancs de poissons en une zone de proie dense avant de s’engager dans une manœuvre d’engloutissement.

Dans certaines régions, par exemple autour de l’Islande et de la péninsule antarctique, les petits rorquals ont tendance à être très curieux en présence de petits bateaux, faisant du « spyhopping » et flânant parfois autour des zodiacs d’observation des baleines pendant une heure, mais ce comportement est très rare chez les petits rorquals de l’estuaire du Saint-Laurent.

Un petit rorqual de l’Antarctique en train d’examiner un zodiac d’expédition (© Mériscope / Quark Expeditions)

Estimations de la population et statuts de conservation

En raison de leur petite taille, les petits rorquals n’ont pas beaucoup été chassés au temps de la chasse industrielle à la baleine, mais à mesure que les espèces de plus grande taille se sont épuisées, en particulier dans la seconde moitié du 20e siècle, la chasse aux petits rorquals s’est intensifiée. En 1983, la Commission baleinière internationale (CBI) a adopté un moratoire sur la chasse commerciale à la baleine qui a été mis en œuvre par la plupart des pays, à l’exception du Japon, de la Norvège et de l’Islande. Alors que les pays baleiniers d’aujourd’hui se concentrent sur les petits rorquals de l’Antarctique ainsi que sur les petits rorquals communs du Pacifique Nord-Ouest et de l’Atlantique Nord-Est, toutes les populations souffrent de la dégradation de l’habitat induite par le changement climatique mondial et d’autres impacts anthropiques, tels que les pêcheries, la pollution, le bruit causé par l’homme et les collisions avec des navires. L’effet cumulatif de plusieurs facteurs peut avoir un impact significatif sur toutes les populations de cétacés, y compris les petits rorquals.

A) Petit rorqual commun (Balaenoptera acutorostrata)

Il n’y a pas d’estimation de la taille de la population mondiale de petit rorqual commun, mais les estimations couvrant la majeure partie de l’aire d’été dans l’Atlantique Nord et le Pacifique Nord totalisent environ 200 000 individus. Bien que des baisses aient été observées dans certaines régions dans le passé en raison de la surexploitation, on peut supposer que la population n’a pas été réduite de plus de 50 % par rapport à il y a trois générations (critère A1 de la Liste rouge pour le statut « vulnérable »), étant donné que les captures estimées, y compris les captures dans des engins de pêches, prises entre 1951 et 2017 (trois générations de 22 ans) s’élèvent à moins de 180 000. Les modèles informatiques utilisés par le Comité scientifique de la Commission baleinière internationale (CBI) pour évaluer les populations suggèrent que la population s’est redressée dans l’Atlantique Nord et qu’elle est toujours en déclin dans l’ouest du Pacifique Nord. En 2018, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a classé le petit rorqual commun dans la catégorie « préoccupation mineure ».

Depuis janvier 2017, des mortalités élevées de petits rorquals se sont produites le long de la côte atlantique américaine, du Maine à la Caroline du Sud. Le compte des mortalités s’élève à 27 (2017), 30 (2018) et 22 (2019), comparativement à une moyenne annuelle précédente de 12,5 (2011-2016). Des nécropsies complètes ou partielles ont été effectuées sur plus de 60 % des baleines. Les résultats préliminaires de plusieurs baleines ont mis en évidence des interactions humaines ou de maladies infectieuses. Les petits rorquals au large de la côte Est des États-Unis sont considérés comme faisant partie du stock de la côte Est du Canada, tout comme les petits rorquals du golfe du Saint-Laurent, mais on ne sait pas s’il y a des stocks distincts dans le stock de la côte Est canadienne.

À l’heure actuelle, la meilleure estimation d’abondance disponible provient d’un relevé aérien effectué en août 2006 qui a couvert un trajet 10’676 km dans la région s’étendant de la ligne de profondeur de 2000 m au sud de « Georges Bank » jusqu’à la partie supérieure de la Baie de Fundy et à l’entrée du golfe du Saint-Laurent. L’estimation d’abondance générée par ce relevé aérien était de 3’312 petits rorquals pour le stock de la côte Est du Canada. En 1995, une estimation d’abondance pour l’ensemble du golfe du Saint-Laurent obtenue à partir de relevés aériens avait donné 1’020 petits rorquals. De nouvelles estimations de la population sont nécessaires étant donné les événements de mortalité inhabituels le long de la côte atlantique des États-Unis et du laps de temps écoulé depuis les derniers relevés. En avril 2006, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a classé les stocks du Pacifique Nord-Est et de la côte Est du Canada dans la catégorie « non en péril ».

B) Petit rorqual de l’Antarctique (Balaenoptera bonaerensis)

Le petit rorqual de l’Antarctique est considéré comme pagophile (aimant la glace) dans le sens où il est plus apte que les plus grandes baleines à fanons à utiliser un habitat à forte densité de banquise. La proportion de la population présente dans la banquise n’est pas bien connue, mais a été estimée entre 10 et 50 % dans la zone IV (secteur sud-est de l’océan Indien) en été. En raison du changement climatique, la couverture de glace de mer dans l’Antarctique devrait diminuer de 50 % en hiver et de 30 % en été et il est à craindre que cela puisse avoir un impact négatif sur des espèces telles que les petits rorquals de l’Antarctique pour lesquels les zones de glace de mer constituent une part importante de leur habitat.

Les petits rorquals de l’Antarctique ont été soumis aux limites de capture de la CBI peu après le début de l’exploitation. Les limites de capture pour la chasse commerciale à la baleine sont devenues nulles à partir de 1986 avec l’entrée en vigueur du moratoire de la CBI sur la chasse commerciale à la baleine. L’aire de répartition estivale des petits rorquals de l’Antarctique est aussi théoriquement protégée par le sanctuaire de l’océan Austral de la CBI, adopté en 1994, qui interdit les captures au sud d’une frontière située principalement à 40°S. Ni le moratoire ni la disposition relative au sanctuaire ne s’appliquent aux prises de baleines en vertu de permis spéciaux délivrés par les gouvernements membres de la CBI. Ces captures se sont poursuivies de 1987 à 2014, lorsque la Cour internationale de Justice a ordonné l’arrêt du programme de permis sur le motif qu’ils n’étaient pas utilisés à des fins de recherche scientifique. Les captures ont repris à partir de la saison 2015-16 dans le cadre d’un nouveau programme.

Les petits rorquals de l’Antarctique sont inscrits à l’Annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES), mais cela ne s’applique pas aux produits débarqués au Japon parce qu’il détient une dérogation sur cette espèce en vertu de la CITES. Le Japon possède également une dérogation sur la disposition relative au sanctuaire de la CBI et n’est donc pas lié par celle-ci. L’espèce figure à l’Annexe II de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage.

Le petit rorqual de l’Antarctique a déjà été répertorié dans la catégorie « données insuffisantes » en attendant des éclaircissements sur son abondance et ses tendances. Le Comité scientifique de la CBI a depuis accepté des estimations de population circumpolaires d’environ 500’000 selon des enquêtes menées entre 1993 et 2004. On estime que la population a diminué de 31 % par rapport aux enquêtes circumpolaires précédentes (1986-1991, population estimée à 750’000), mais l’imprécision des estimations d’abondance signifie que le déclin n’est pas statistiquement significatif. De plus, une proportion inconnue de la population se trouvait dans un habitat de banquise non parcouru au moment des relevés. L’abondance imprécise et la proportion inconnue de baleines dans la banquise contribuent au manque général de fiabilité dans la détermination du statut en fonction du taux de déclin. Cependant, comme le déclin n’a peut-être pas cessé et que ses causes sont mal comprises, l’UICN a attribué à la population de petits rorquals de l’Antarctique le statut de « quasi menacé » en 2018.

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